Brésil : les assassinats d'homosexuels font irruption dans le débat présidentiel

Les assassinats d'homosexuels ont fait un bond depuis deux ans au Brésil, s'élevant à 198 l'an dernier. Un des chiffres les plus élevés au monde, que les organisations LGBT entendent rappeler en pleine campagne présidentielle pour appuyer leurs revendications.
Avec une hausse de 62% depuis 2007, les assassinats d'homosexuels ont atteint le chiffre terrible de 198 en 2009, selon l'organisation LGBT Grupo Gay da Bahia. Ces chiffres sont rendus publics en pleine campagne de second tour de l'élection présidentielle brésilienne et alors que l'homosexualité y a fait irruption sous un jour moral et religieux.

L'Association brésilienne des homosexuels a déploré il y a quelques jours "l'utilisation de sentiments religieux et de jugements moraux dans la campagne électorale". "Il n'est pas acceptable que les préjugés, le machisme et l'homophobie soient utilisés et gagnent un espace privilégié en pleine campagne présidentielle", a-t-elle souligné dans une lettre adressée aux candidats.

Et, de fait, des revendications comme le mariage homosexuels et la pénalisation des crimes homophobes ne sont apparues dans le débat que du point de vue religieux.

Dilma Rousseff, la candidate du Parti des Travailleurs du Brésil, favorite pour l'élection présidentielle, a jeté le trouble au sein de la communauté LGBT brésilienne, la semaine dernière, en annonçant qu'elle n'approuverait que "les articles de loi ne violant pas la liberté de croyance, de culte et d'expression", ce qui laissera les Eglises libres de dénoncer par exemple l'union entre homosexuels.

Cette déclaration - faite lors d'une réunion avec des représentants d'une église évangéliste - est en contradiction totale avec son parti qui a inscrit le mariage gay à son programme.

Face au tour pris par le débat sur l'homosexualité, les organisations LGBT ont donc tenu à rappeler la forte recrudescence des meurtres homophobes dans le pays.

En mettant en lumière les 3.196 meurtres d'homosexuels recensés entre 1980 et 2009 - un des chiffres les plus élevés au monde - elles entendent faire la démonstration de l'urgence du projet de loi de pénalisation de l'homophobie auquel s'opposent les catholiques et les évangéliques.